Dossier La résidence du mollah Omar bombardée Bush et ses projets militaires |
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Les attaques s'enchaînent et s'intensifient
Les Etats-Unis poursuivaient mardi leur campagne de bombardements sur l'Afghanistan qui a provoqué des victimes civiles mais, selon les taliban, n'a atteint ni le chef du régime au pouvoir à Kaboul, le mollah Omar, ni Oussama ben Laden, accusé d'être le commanditaire des attentats du 11 septembre. Principal soutien du président George W. Bush, le Premier ministre britannique Tony Blair va entreprendre de nouveaux déplacements à Oman et en Egypte, au moment où les régimes musulmans modérés apparaissent fragilisés par les opérations militaires, sous la pression de leurs opinions publiques. Les taliban ont annoncé mardi que le milliardaire d'origine saoudienne était "vivant" et se trouvait toujours en Afghanistan. Quant au mollah Mohammad Omar, il a échappé aux bombes américaines, dans son fief de Kandahar, dans le sud-est de l'Afghanistan. "Il est vivant Dieu merci. Il y a eu des frappes autour de sa résidence, mais il l'avait évacuée", a déclaré l'ambassadeur du régime des taliban au Pakistan, Abdul Salem Zaeef dans une conférence de presse. Des avions américains ont procédé mardi matin aux premières opérations de jour, après deux premières vagues de frappes nocturnes, dimanche soir et lundi soir, la première conduite avec l'aide de la marine britannique, qui a tiré plusieurs missiles Tomahawk. "Depuis les premières frappes de dimanche après-midi, il n'y a pas eu d'arrêt des opérations", a déclaré le lieutenant-colonel George Rhynedance, porte-parole du Pentagone. "Qu'il fasse jour ou nuit ne change rien", a ajouté le responsable américain. Outre la ville de Kandahar, l'aviation américaine a attaqué mardi matin la région de Maywand, à 70 kilomètres plus à l'ouest. Dans la nuit, ce sont Kaboul, la capitale, Jalalabad (est) et déjà Kandahar qui avaient été visées. A Kaboul, quatre gardes civils d'une agence de déminage, ATC, ont été tués lundi soir et quatre personnes ont été blessées lorsque le bureau de la compagnie a été touché, selon un employé d'ATC. L'information a été confirmée par l'ONU à Islamabad. ATC est une organisation non-gouvernementale travaillant dans le cadre du programme anti-mines de l'ONU pour l'Afghanistan. Les taliban, par la voix de leur ambassadeur au Pakistan, ont affirmé que les premières frappes avaient fait plusieurs dizaines de victimes. De leur côté, les combattants de l'Alliance du Nord, l'opposition armée au régime des taliban, ont fait savoir qu'ils avaient bombardé les positions des taliban autour de la ville stratégique de Mazar-i-Sharif (nord). Par crainte d'une riposte terroriste, Washington avait décrété lundi l'état d'alerte sur l'ensemble du territoire américain. Le ministre américain de la Justice, John Ashcroft, n'a pas rejeté l'éventualité d'une attaque biologique après la découverte d'un deuxième cas de maladie du charbon en Floride, une maladie très rare considérée comme un vecteur possible de bioterrorisme. Face à cette guerre, dont ils préviennent qu'elle sera longue, les Occidentaux cherchent sans cesse à consolider la large coalition contre le terrorisme et à rassurer les régimes musulmans. Ceux-ci s'inquiètent en particulier d'un possible élargissement des cibles des bombardements à des pays arabes. Dans une lettre adressée lundi au Conseil de sécurité de l'ONU, les Etats-Unis avaient prévenu qu'"ils pourraient estimer que leur légitime défense requiert d'autres actions concernant d'autres organisations et d'autres Etats". Tony Blair reprendra mercredi son bâton de pèlerin. Il ira à Oman puis jeudi en Egypte. Le sultanat d'Oman, allié des Etats-Unis, qui contrôle le détroit stratégique d'Ormuz à l'entrée du Golfe, a mis en garde contre toute action militaire alliée susceptible de viser des pays arabes. Le président égyptien Hosni Moubarak a affirmé mardi que son pays "soutient toutes les mesures américaines pour éradiquer le terrorisme", dans sa première réaction aux frappes en Afghanistan. "En même temps, nous appelons les Etats-Unis à prendre des mesures efficaces pour résoudre le problème palestinien, car nous pensons qu'une telle solution aura une importance majeure pour tarir les sources du terrorisme", a-t-il ajouté. L'Irak a mis en garde Washington et Londres contre toute utilisation de la lutte antiterroriste comme prétexte "pour régler de vieux comptes" avec Bagdad. La plus ferme condamnation de l'action américaine est venue mardi de Téhéran, où le président réformateur iranien Mohammad Khatami a appelé mardi les Etats-Unis à "mettre fin immédiatement" à leurs opérations militaires. L'Iran, qui a condamné les attentats du 11 septembre, a dénoncé les opérations militaires américano-britanniques en Afghanistan, dès le 7 octobre. Il demande qu'une action antiterroriste au niveau mondial soit conduite sous l'égide de l'ONU. Les ministres des pays de la Ligue arabe, mardi, puis ceux de l'Organisation de la conférence islamique, mercredi, devaient se concerter à Doha (Qatar) et tenter de parvenir à une position commune. Les régimes du monde arabo-musulman, même les plus modérés, sont confrontés à l'hostilité de leurs opinions publiques à l'égard des raids américains. Aux premières loges, le Pakistan, qui a rallié la coalition pro-américaine, fait face à des manifestations quotidiennes organisées par des mouvements islamistes soutenant les taliban. Dans l'ouest du pays, à Kuchlak, près de Quetta, des affrontements entre police et manifestants anti-américains ont fait trois morts et deux blessés, mardi matin. De violentes manifestations avaient déjà eu lieu la veille à Quetta après le déclenchement des frappes en Afghanistan. Les autorités du pays ont assigné à résidence mardi au moins trois dirigeants de la mouvance islamiste radicale. La veille, c'est à Gaza que s'étaient fait ressentir les effets déstabilisateurs de la situation créée par les attentats du 11 septembre. La police palestinienne avait tiré sur des manifestants anti-américains. Le bilan de l'émeute s'est élevé à deux morts et 200 blessés. Plusieurs journaux européens redoutaient du reste mardi une guerre longue, voire un engrenage lourd de menaces pouvant affecter la stabilité du monde musulman. Mais peu d'informations étaient disponibles sur la suite des opération et sur l'efficacité réelle des premiers bombardements. Le ministre britannique de la Défense Geoff Hoon a néanmoins semblé exclure une intervention terrestre à brève échéance. "Il s'agit de possibilités. Nous n'avons pris aucune décision sur l'opération terrestre. Nous venons seulement de commencer la toute première phase de l'opération militaire", a-t-il déclaré, pendant un déplacement à Moscou. Par ailleurs, selon l'agence Afghan islamic press (AIP) proche des taliban, la milice islamiste au pouvoir à Kaboul a affirmé avoir arrêté sur le territoire afghan un Français déguisé en femme, dont l'identité n'a pas été précisée, dans la région de Goshta, à 35 kilomètres à l'est de la ville de Jalalabad. "Le Français a été transféré à Jalalabad", a précisé l'agence de presse. |
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