« Nous nous battons pour la liberté. Pour moi, la pire des choses serait de vivre esclave.

On peut tout avoir :

à manger, à boire, de quoi se vêtir, un toit où se loger ;

si on n'a pas la liberté, si on n'a pas la fierté, si on n'est pas indépendant,

cela n'a ni goût, ni valeur ».

Massoud

Le combat d'un homme, d'un peuple contre la dictature des Talibans par Elizabeth Cazaux, membre du collectif Afghanistan

Au moment où les Nations Unies s'apprêtent à appliquer un embargo sur les armes et la logistique de guerre aux Talibans d'Afghanistan, le soutien de la France au Pakistan, mentor et chef tutélaire des Talibans et son attitude ambiguë vis-à-vis du régime de Kaboul deviennent de plus en plus troublants.

Rappelons que c'est en 1996 que sont apparus les Talibans, tout droit sortis des madrassas pakistanaises, puissamment armés et entraînés. Ces pseudo-étudiants de l'Islam sont formés dès leur plus jeune âge dans ces " écoles " par l'ISI, services secrets pakistanais. On compte à l'heure actuelle plus d'un million de talibans répartis dans les différentes madrassas , prêts à en découdre avec tous les Infidèles de la planète en utilisant tous les moyens à leur disposition, y compris la bombe atomique pakistanaise.

Depuis qu'ils ont pris la capitale de l'Afghanistan, Kaboul, ils se sont lancés dans des offensives meurtrières contre les forces gouvernementales menées par le Commandant Massoud, et n'ont pas hésité à attaquer les populations du Nord de l'Afghanistan. En 1998 à Mazar-i-Sharif ils ont massacré la population, en 1999 dans les plaines de Shamali au Nord de Kaboul, ils ont assassiné les civils, enlevé les jeunes filles, brûlé les maisons et les récoltes. Tous ces faits ont été reconnus par les rapporteurs spéciaux de l'ONU, qui ont également constaté la présence de nombreux pakistanais, arabes, ouïgours chinois, malais, caucasiens, etc parmi les prisonniers de guerre détenus par l'Alliance du Nord.

Ils ont créé en Afghanistan plus d'un millier de camps d'entraînement pour tous les terroristes potentiels de la planète, et financent leurs campagnes militaires grâce leur production record d'opium, 4600 tonnes en 1999, qui les place au premier rang mondial.

Ils ont remplacé l'Islam tolérant des ordres soufis d'Asie Centrale par le wahabbisme d'Arabie Saoudite et les traditions déobandi des madrassas pakistanaises, expressions de l'islam extrémiste ; ils ne s'arrêteront pas avant d'avoir effacé toute trace de la culture persane en Afghanistan, et d'avoir anéanti l'ethnie shiite Hazara.

Et le monde entier connaît le sort réservé aux femmes dans tout l'Afghanistan : pas d'école (mis à part l'étude du Coran pour les petites filles jusqu'à l'âge de neuf ans), pas de travail, un accès encore très difficile aux soins…. Au vu de toutes ces violations des principes fondamentaux des Droits de l'Homme, on pouvait espérer que la France condamne d'une seule et même voix ces extrémistes.

Il n'en est rien !

La France a reçu le 14 septembre 2000 les dignitaires talibans à Paris pour la 2ème fois cette année. Le Quai d'Orsay soutient la thèse que l'on doit " discuter " avec ces gens-là pour les amener à assouplir leur position. Un diplomate français, en poste à Islamabad, se rend régulièrement à Kaboul pour rencontrer les dirigeants talibans, officiellement pour maintenir le contact avec eux, pour ne pas les isoler internationalement, ce qui, d'après le Quai d'Orsay, les conduirait à durcir leur politique.

D'après certains universitaires français, les Talibans , étant d'ethnie pashtoune , la plus importante en Afghanistan, auraient toute légitimité pour diriger le pays. Le Général Musharraf, chef de la junte pakistanaise, a expliqué que le Pakistan soutenait les Talibans parce que les Pashtouns sont répartis sur les deux pays.

La grande presse française refuse la parole aux militants qui défendent la résistance afghane et il faut bien parler d'une fascination exercée par les Talibans sur une partie de l'intelligentsia française, qui a l'air de voir dans ce régime à l'exotisme oriental, un défi intellectuel à la mesure de leur intelligence.Ils sont aidés en cela par d'anciens communistes Afghans, réfugiés en France et en Europe, chassés du pouvoir par les Moujahiddins en 1992, et qui voient là une bonne façon de prendre leur revanche.

Cette mansuétude à l'égard des Talibans serait-elle donc uniquement issue du cerveau alambiqué de quelques diplomates et d'une poignée d'intellectuels français qui se sont donné pour mission de délivrer au peuple français la bonne parole, la leur, modèle incomparable de pensée unique ?

La réponse est non, évidemment !

Le Pakistan est un pays en voie de talibanisation. Les mouvements religieux radicaux y sont puissants, et pourraient faire plonger le pays dans une guerre civile. Le Pakistan est depuis sa création en 1947, l'ennemi de l'Inde, avec qui il se livre à une course effrénée aux armements. Il arme, finance et entraîne la guérilla qui a pour but d'annexer le Cachemire indien au Pakistan. Cet état est devenu un risque potentiel de troisième guerre mondiale, aux enjeux nucléaires.

La France a fourni, sous le gouvernement de Bénazir Bhutto, les transferts de technologie nécessaires à la création de centrales nucléaires, qui ont finalement abouti à la naissance de la première bombe atomique islamique, ainsi qu'à l'élaboration de missiles pouvant transporter des charges nucléaires sur une distance de 1500 kilomètres.

Après l'embargo sur les livraisons d'armes au Pakistan par le Congrès américain, la France et la Chine se sont partagé ce marché en pleine expansion : livraison d'avions de combat français, programme de construction d'un nouvel avion, contrat de trois sous-marins de fabrication française. L'armée commande le Pakistan. Ses dépenses représentent plus de 30 % de celles de l'Etat lui-même au bord de l'asphyxie.

Quand le Général Musharraf conseille à la France le maintien du dialogue avec les talibans, le gouvernement français doit avoir beaucoup de mal à lui refuser la faveur d'une réception des Talibans au Quai d'Orsay.

Les hommes politiques français contactés, se sont contentés de déclarations de soutien, mais lorsqu'on leur demande d'intervenir en faveur d'une révision de la politique française en Afghanistan, les députés, les sénateurs, membres ou présidents des groupes d'amitié franco-afghane au Sénat ou à l'Assemblée Nationale font la sourde oreille. Même lorsqu'il s'agit d'accorder une aide humanitaire d'urgence aux 250 000 réfugiés perdus dans les montagnes afghanes, les diplomates français se contentent de répondre qu'ils ont envoyé un avion de 35 tonnes de secours…… l'année dernière !

L'Afghanistan a virtuellement disparu de la carte du monde.

Ne plus en parler : qu'il cesse d'exister !

Ne plus en parler : que le Pakistan puisse enfin annexer totalement l'Afghanistan.

Ne plus en parler : que Massoud , ses moujahiddins et l'ensemble du peuple afghan, défenseurs d'un Islam tolérant, meurent de l'indifférence des médias et des politiques occidentaux ! Inch Allah !

Elizabeth Cazaux


Retour à l'accueil
www.lidealiste.net

©L'Idéaliste