Lionel Bignon, mars 2000

Il me tarde de prendre la plume afin de vous faire part de quelques réflexions héritières directes de nos aïeux les sans-culottes.


Quelque chose m'attriste, le rend mélancolique et révolté (peut-être schizophrène ?) en notre bicentenaire République. Vous savez bien ! Celle qui a offert au monde la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Celle qui ne cesse aujourd'hui de la revendiquer, de l'idoâtrer. Celle qui ne cesse de rappeler, au monde, justement, qu'elle en est l'antique dépositaire... De son «copyright».
Notre chère République, si sûre d'être arrivée au paroxysme de la civilisation, de l'effort et de l'esprit humain, alors qu'il est déjà derrière nous... Notre république, dis-je, est en campagne électorale... (Désolé pour les points de suspension, mais paradoxalement, j'aime bien P.SOLLERS...)

Et cette campagne, pardon, ces campagnes, débutent maintenant autour de questions de personnes, non plus d'idées. Je ne m'abaisserai pas ici à renter dans les clivages de la politique slogan des municipales parisiennes, ni même dans cette affligeante bataille pour la présidentielle de 2002 qui, ô chance inouïe, se déroulera sur quatre tours, grâce aux hasards(!) du calendrier, ou plutôt, grâce à cette dissolution qui fait figure «d'exemple glorieux» pour tous les exégètes de la Vème République.

     Non, ici je me permettrai juste une mise en garde aux détenteurs du pouvoir: cessez de prendre la nation pour ce qu'elle n'est pas. Ne croyez plus De Gaulle, il a eu tort. Les Français ne sont pas des veaux ! Quelques-uns le démontrent, se rebellent, réagissent contre la «mondialisation», contre la précarité, contre les inégalités, contre la ségrégation... ils réagissent contre un pouvoir qui ne sait plus leur opposer qu'une impuissance toute «loi du marché».

     Alors Messieurs, cessez de nous infantiliser ! Les Français sont informés, peut-être mal, ils sont éduqués, sans doute bien: rendez-leur la démocratie ! Instituez enfin le référendum d'initiative populaire (le peuple fait-il peur en république ?), élargissez son champ d'application aux lois ordinaires. déconcentrez ! Décentralisez ! Responsabilisez le citoyen !

Tournez la page du paternalisme.


Lionel Bignon


©L'Idéaliste