Corentin Brustlein, mars 2000

La victoire de l'extrême droite en Autriche par le FPÖ de Jörg Haider, dans un pays qui fut de surcroît touché par le nazisme dès 1938, cuisant échec de la démocratie face à des sermons populistes xénophobes, nous a placé face à un constat effrayant : La faiblesse de la culture historique.

" Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates
comme on allume les flambeaux "

Victor HUGO

En France, seule la haine a su affaiblir la haine : M. le Pen aurait dû mesurer les risques d'une stratégie de ratissage de la droite extrême.

Si elle peut se satisfaire de cette évolution, ce n'est pas "mains propres, tête haute" que la tolérance est sortie en vainqueur de ce combat de deux décennies contre les pires relents des idéologies racistes et antisémites que l'on aurait pu espérer définitivement bannies du débat après les atrocités commises durant le second conflit mondial.
Si l'ombre d'une prise de pouvoir démocratique par l'extrême droite ne plane actuellement plus sur l'Etat, si ses rares allégations et gesticulations actuelles prêtent d'avantage à l'amusement qu'au débat, il ne nous faut pas omettre que les partis démocratiques ne sont aucunement à l'origine de cet affaiblissement, dont le mérite pourrait uniquement revenir à l'extrême droite qui a su seule mettre fin à ces jours de honte nationale qui laissaient quelques énergumènes attiser le feu de la haine entre les peuples en niant l'importance des crimes commis par ceux dont ces hommes "politiques" étaient les héritiers idéologiques.
Nous arrivons au cœur du problème : Quels jugements furent rendus lors d'affaire telles que le "détail de l'histoire" ou "durafour-crématoire" ?
Peut on considérer que payer 100 000 F après avoir estimé que l'extermination de 7 Millions d'humains n'était qu'une broutille constitue une peine suffisante ?
Dans quel monde vivons nous si l'on peut se permettre de racheter l'histoire pour le prix d'une voiture neuve et découper les passages jugés inutiles, voire faux ?
"Tiens, aujourd'hui je sous-entendrai que ce sont les Alliés qui ont bombardé Oradour-sur-Glane ; avec un peu de chance, je m'en sortirai avec un mois de sursis et un autre d'inéligibilité".
C'est par ces jugements qu'il nous est possible d'estimer l'importance accordée par la juridiction française aux questions de mémoire, de respect de la vérité historique. La loi Gayssot votée en 1990 afin de lutter contre la contestation de crimes contre l'humanité a d'ailleurs, tout au long des "affaires" de la dernière décennie mêlant racisme et négationnisme, démontré son insuffisance en n'empêchant pas les falsificateurs de l'histoire d'émettre leurs thèses.

L'histoire ne doit en aucun cas faire l'objet de ces infâmes révisions. L'histoire n'est pas qu'une discipline. Nous semblons oublier qu'il s'agit du substrat de notre civilisation, et notre société a pour base ces évènements passés, des plus idylliques aux plus horribles exemples d'actes accomplis pourtant par une même espèce : l'homme.
Quelle méthode faut-il donc envisager afin de combattre le mensonge que certaines personnes prétendument historiens ou certains politiciens tenteraient de substituer aux faits passés, afin de légitimer la xénophobie et exhorter à la haine raciale ?

Il nous faut lutter pour une reconnaissance universelle de la vérité historique, pour l'affirmation haute et claire des évènements passés. Bien sûr, ce combat soulève le problème de la définition de cette vérité. Il ne s'agit pas ici de défendre une vérité partielle, partisane, subjective ; n'oublions pas que l'Inquisition défendait sa vérité lorsqu'elle brûlait et torturait les réformateurs. Il ne doit en aucun cas s'agir de notre vérité, mais de la vérité, unique, objective, la vérité historique basée sur les résultats de recherches scientifiques, dégagée de toute influence idéologique. Si nous devons garder à l'esprit que, comme l'a dit Pierre Chaunu, "la science progresse de rature en rature", il nous faut opérer une distinction :     Si le recul est nécessaire, si la prudence est un comportement tout à fait louable face aux évènements, il n'en va pas de même de l'absence de reconnaissance de sa culpabilité dans un drame passé.
Interpréter avec sagesse est une chose, repousser aux calendes un Mea Culpa amplement nécessaire en est une autre…
Si actuellement, en France, il serait exagéré de crier à la vérité historique bafouée par un système éducatif complaisant, il nous faut reconnaître que l'Etat a eu, et a toujours du mal à reconnaître certains crimes, surtout lorsqu'il en fut le commanditaire (Répression sanglante à Madagascar, massacres en Algérie…).

Si l'Histoire est un objet d'étude passionnant, elle est également une source inépuisable d'exemples et de leçons dont il est un devoir pour nous de nous souvenir afin de lutter contre les pensées extrémistes exhumées et parfumées au goût du jour afin de paraître novatrices. Nous avons tous des connaissances plus ou moins poussées sur la seconde guerre mondiale, mais une trop faible proportion d'entre nous sait distinguer l'idéologie qui a plongé le monde dans le chaos et l'horreur, trop peu savent quelles abominations se cachent derrière les termes de "solution finale", de "Shoah", d' "Holocauste"… Mais il n'y a nul besoin de se tourner vers les totalitarismes nazi ou stalinien pour tirer des enseignements du passé destinés à ne pas réitérer nos erreurs : voilà plus d'un siècle que la population française crache sur les immigrés, renie ces "populations allogènes". Ce sont pourtant nos grands-parents et arrière-grands-parents qui leur demandèrent de l'aide. La France est ainsi faite, elle n'a que rarement enfanté assez de mains pour lui assurer une croissance forte, et il lui a fallu faire appel aux peuples étrangers, voisins proches (Italiens au début du siècle) ou plus distants, colonisés (Maghrébins afin de reconstruire la France de 1945), pour lui permettre de tenir la place dont elle dispose actuellement au sein du système international.

    Tirer des enseignements de l'histoire n'est pas une leçon qu'il appartiendra aux professeurs de collège d'inculquer de la 4ème à la 3ème aux élèves ayant choisi l'option "sciences humaines". C'est tout l'appareil étatique de formation et d'encadrement qui doit accomplir cette tâche longue et ardue, qui doit servir de relais à un idéal de "devoir de mémoire" et assurer ainsi la pérennité des droits de l'homme, de la tolérance, et des institutions démocratiques. A chaque instituteur, professeur, proviseur, ministre, avocat, juge, Garde des Sceaux, personnalité politique locale ou nationale, instructeur, et à tout humain se reconnaissant dans cet idéal, de s'acquitter de ce devoir impérieux.

La nuit est l'ignorance, la peur, la haine, et il nous appartient d'assurer aux flambeaux de l'Histoire une combustion perpétuelle.

 

Corentin Brustlein

 

Entre 1939 et 1945, l'Allemagne nazie, secondée par de nombreuses complicités, a assassiné 6 millions de Juifs européens dans le silence quasi complet du monde. Le temps lui a manqué pour détruire le peuple juif tout entier comme elle l'avait décidé.

Telle est la réalité brute du génocide juif, en hébreu, SHOAH .

L'Idéaliste.

 

 

 

 

 

 

 

 

Exemple de propagande Nazie :

 

©L'Idéaliste