David Kersan, décembre 2000

La lucidité de l'utopie : une approche systématique

 

 L'idéalisme, dites-vous ?

Je n'en ai jamais vu. Aucun.

Même pas un tout petit minuscule. Ni tête, ni jambe, ni ailes, ni plume.

Rien. N'insistez pas.

D'ailleurs, si nous étions des personnes sérieuses, nous parlerions d'autre chose, comme de l'argent ou du pouvoir par exemple. Tout le monde connaît.
A moins de faire sourire un enfant, parler d'idéalisme risque fort de tomber à plat face au peu d'écho produit chez beaucoup d'autres. D'ailleurs, quelle bonne raison pourrait on bien évoquer pour en parler ? Certains, et l'on ne peut les en blâmer, se moquent de l'idéalisme pour la simple et bonne raison qu'ils n'ont jamais dîné avec lui.

Et c'est une très bonne raison.

L'essentiel n'est-il pas invisible pour les yeux ?
N'ayant moi non plus jamais discuté avec lui, je constate comme vous, voilà l'embêtant, que l'idéalisme est invisible. Et oui...

D'ailleurs a t-il encore un réel sens, compatible à l'esprit de l'humain de cette fin de millénaire ? Ou, trop pur, s'est-il envolé aux cieux à l'instar de nos regrettés poètes disparus, rejoindre ses fidèles créateurs pour l'éternité, faute de repreneurs ?

A chaque époque ses ferveurs me direz-vous. L'idéalisme ne semble plus être un vecteur de société.
Quel écho projette-t-il en nous ? Son sens nous a-t-il lâchement abandonné ?
Ce terme -l'idéalisme- paraît à vrai dire presque anachronique, tant l'odeur du calcul et du renoncement actuel le rend imprononçable.
Mais où se trouve donc alors le syndicat d'initiative de son céleste patelin ?
Devrait-on convoquer des légions de séraphins pour connaître plumages et ramages de ce terme dont le sens atomique semble nous échapper ?
Est-ce avoir foi en l'âme humaine ? Etre candide au point d'en rire ?
Espérer le chaos rédempteur ?
Un vent de fraîcheur dans un monde nauséabond dirait-on...

En vous laissant souverain pour le sens intime que vous donnerez à l'idéalisme, je m'aventurerais vers la définition d'un mouvement universel : une pensée libre et incorruptible. Indépendante et audacieuse. Une pensée désincarnée de l'esthétique de la pensée unique. L'expression incarnée.
Un idéaliste ne soumet jamais sa pensée au calcul. Il ne trahit jamais sa source à l'enjeu, et n'accouple pas sa force à ses faiblesses.
Son projet participe de celui de l'élévation. L'élévation vers le sens.

Le respect des sensibilités de chacun est donc un pilier fondamental dans la quête du sens. Vers ce leitmotiv idéaliste: Améliorer l'homme, à travers l'authenticité de sa pensée, et de l'esprit des choses qu'il crée.
L'espoir fou de transcender le galet en diamant. L'histoire du progrès ne concerne pas que notre environnement.


L'idéaliste défend son idéal. Partout. Dans un salon. Dans un café. Chez un ami. Sur son lieu de travail. Chez lui. En public. Beaucoup moins à l'Assemblée Nationale.
L'idéaliste survit au microcosme et à ses fléaux.

Aux enjeux et calculs, il oppose le sens et la vertu. Au superflu, il impose l'idée, eucharistie de son projet.


Le réel appartient dès lors au passé Le postulat sous quelques formes qu'il soit est par définition relégué au long chapitre des sédiments infinis de la bêtise humaine.

Vouloir donner corps à un tel terme peut donc vous apparaître comme la nostalgie d'un esprit révolu...
Vous êtes magistralement dans le vrai.

A la nuance près que les idéalistes de ce journal sont de notre époque. Avec la ferme intention de rendre l'invisible accessible. De mettre en lumière les règles officieuses des différents échiquiers constituant notre société.
Et proposer de nouvelles matrices... Idéales.


Idéalistes de France et de Navarre... Ce journal est notre vérité ; espère la vôtre, en attendant celle des autres...
Loin de nous l'idée de vouloir imposer, car quand l'opinion s'institue vérité, le postulat naît et le sens meurt inexorablement.
Défendre la liberté d'expression, la pluralité d'opinion dans une société inféodée à la langue de bois et au sophisme est le challenge n°1 de L'Idéaliste.


Sans jeter l'anathème sur le mal à priori, les auteurs de L'Idéaliste s'efforceront de rendre compte des sujets-phénomènes de société au travers d'une lunette qu'il faudrait plus souvent oser porter.

Tout virage capital dans l'évolution procède de la pensée vivante, libre et vierge de tout calcul.
La pensée est la source fondatrice du renouveau.

Ici exulte l'idéaliste.

Ici commence l'espoir.

David Kersan